SATORI
Aujourd'hui, il s'est passé quelque chose.
Je ne pourrais pas vraiment expliquer comment ni quoi exactement, mais quelque chose s'est absolument et définitivement passé.
C'est ce que Jack Kerouac et les bouddhistes appellent le satori. Ce mot signifie "compréhension". Il qualifie un éveil permanent, comme un bébé qui se dresse pour apprendre à marcher, et se retrouve à savoir marcher, pour le reste de sa vie.
Quelque chose change en nous, soudainement, de manière tellement franche qu'il serait impossible de l'ignorer. Quelque chose change sans aucune intervention d'un contexte ou d'un quelconque évènement extérieur. Rien n'entraîne le satori, et il bouleverse pourtant TOUT.
C'est magnifique.
Voilà, aujourd'hui il s'est passé quelque chose. Je perçois tout ce qu'il y a autour de moi, tout mon passé, tout mon présent différemment. Tout est clair, simple, parfait. Tout est à faire.
Je me sens rempli d'un sincère optimisme, d'une serènité inalterable. Je peux. Je peux ce que je veux. Faire face. BRING IT, life. FUCKING BRING IT.
Je PEUX. TOUT est en moi, tout attend d'être fait. Je n'ai JAMAIS eu à ce point autant confiance en moi, en ce que je peux être, là tout de suite.
Tout ce qui monte finit par redescendre. L'effet d'une drogue, l'émotion face à une oeuvre, la passion, la confiance, l'euphorie du désir, de l'amour, d'un bon moment.
Mais ce qui m'habite là maintenant ne retombera pas.
Ce n'est pas exactement une épiphanie, ce n'est pas une illumination, ce n'est pas le syndrôme de Stendhal (et pourtant Dieu sait à quel point je suis sensible aux oeuvres d'arts ces temps ci), ni l'effet d'une drogue ou d'une très bonne soirée, ou d'une nuit blanche solitaire poétique. C'est un satori.